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  • Sous l'empire du milieu

    jeffrey eugenides, couverture middlexes, intersexualitéMiddlesex, Jeffrey Eugenides

    Quand ce que je retiens d'un livre dont le thème central, (certes écartelé de mille autres (la prohibition, les émigrés grecs, la musique, l'art, les vers à soie, l'inceste, les chaines de fast-food) qui vont et viennent pour former une trame lâche aux motifs indiscernables) est l'intersexualité, c'est le passage sur les usines Ford et cet odieux paternalisme qui semblait tout à fait historique (je n'ai pas vérifié mais ça sonnait juste) et qui poussait le patron à se mêler de toute la vie des ouvriers, de leurs fréquentations privées à leur façon de se brosser les dents, hé bien, je suppose que ça signifie que je me suis butée comme une bourrique, quelque part en route. Si vous avez décroché en cours de phrase, vous me comprendrez.

    C'est un roman "plein les mirettes", ça envoie du feu d'artifice, du contexte historique et social, du récit dans le récit, du choc, de la tragédie (grecque), du sexe. Un frère avec sa soeur. Et tout le reste, qui en découle, fascinante manière de construire à rebours, en se focalisant sur un petit chromosome, l'identité du narrateur, qui fut narratrice, comme si ce qu'il était ne venait pas seulement de ses tripes mais aussi du fond des âges. Un petit fond. Le petit bassin : deux générations. Le fond du jardin, en fait, pour être précis, la cabane où vit mamie.

    Je pense qu'il faut le lire pour ça, pour sa virtuosité gratuite, son style. La question de l'identité sexuelle, aussi passionnante et bien traitée soit-elle (et le texte n'est pas neuf, c'était le plus ancien titre de ma PAL, je n'avais même jamais entendu parler d'intersexualité à cette époque, même dans le milieu LGBT) n'arrive que tard et si mêlée au reste qu'il ne faut pas y chercher ça, précisément. 

    Quant à moi, qui ne cherchais rien, qui ne savait même pas de quoi ça parlait avant de l'ouvrir (et au milieu du livre non plus), je ne l'ai pas adoré, ce serait trop dire, je ne suis pas sensible aux afflux de thèmes, je suis trop roide pour ça. J'ai aimé plein de choses, me suis posée pas mal de questions. Me suis souvenue de qui me l'avait conseillé. Qui est l'imbécile à qui on dit, tiens, regarde, de la neige! C'est magnifique! Et qui répond : magnifique ? Alors ça, ça vaut le coup de se le garder sous le coude. Mets moi ton truc dans le garage, j'y regarderai plus tard. Et qui le ressort en été ?
    C'est à l'époque que j'aurais dû le lire.